Chiffres de ventes, rachats de studios, bilans financiers, mercato des développeurs, investissements… si ces sujets vous intéressent, vous êtes au bon endroit. Nous vous proposons un point sur l'actualité business de la semaine écoulée.
Microsoft annonce le rachat à venir d'Activision-Blizzard-King
C'est bien évidemment LA news de la semaine. Mardi, et alors qu'on pensait partir sur une journée relativement calme dans l'industrie du jeu vidéo, Jason Schreier annonce que Microsoft allait annoncer le rachat d'Activision-Blizzard pour près de 70 milliards de dollars. Microsoft, qui a racheté Zenimax (Bethesda) il y a plus d'un an, va donc s'offrir l'un des éditeurs majeurs de l'industrie, dotés de licences historiques et parfois très rentables.
Depuis l'éclatement des affaires de harcèlement, de maltraitance au travail, et la plainte déposée par l'Etat de Californie, Activision-Blizzard-King a vu le cours de son action plonger, une situation qui est venue ternir l'image de l'entreprise, déjà écornée par les vagues de licenciement annoncées aux côtés de résultats records, les grèves, et le comportement présumé de Bobby Kotick, PDG du groupe. En novembre dernier, Microsoft a eu le sentiment qu'une opportunité est sur le point de se présenter, et a demandé à Phil Spencer, directeur de la division Xbox, de préparer une offre et de contacter Bobby Kotick pour savoir s'il était vendeur. Après quelques échanges téléphoniques, Bobby Kotick propose la vente, déclenchant tout un processus légal et financier. Visiblement, un accord est trouvé assez rapidement, malgré le fait que Kotick ait approché Meta (Facebook) pour tâter le terrain.
Le 18 janvier, l'accord est annoncé, mais attention, le rachat n'est pas effectif. Il y a de très nombreuses choses à faire, et la finalisation du rachat n'aura lieu, selon les estimations, qu'aux environs de juin 2023. Il faudra également convaincre les autorités s'occupant de la concurrence, ce qui ne devrait pas poser de réel problème, puis intégrer les studios, leurs salariés et poursuivre "l'assainissement" des conditions de travail. Et autant dire qu'ils sont nombreux : Sledgehammer, Blizzard, Raven Software, Vicarious Vision, Toys for Bob, Treyarch, High Moon, Infinity Ward, Beenox, Beachhead, King, Demonware, et Radical Entertainment devraient ainsi devenir des entités Microsoft Game Studios, sous réserve de restructuration.
Enfin, il faudra déterminer le sort de Bobby Kotick, qui restera PDG au moins le temps de la transition, mais dont le départ est pressenti. A l'heure actuelle, son parachute doré est estimé à près de 300 millions de dollars.
Rachat d'Activision-Blizzard : Quelles conséquences pour les joueurs ?
L'annonce du rachat a fait naître énormément de questions : tous les studios seront-ils conservés ? Comment Microsoft va imposer sa propre culture d'entreprise ? Les jeux Activision-Blizzard-King deviendront-ils exclusifs à l'écosystème Xbox ? Tous les jeux vont-ils intégrer le Game Pass ? Quelle attitude va adopter la firme de Satya Nadella vis-à-vis de Sony, entreprise avec laquelle la licence Call of Duty est étroitement liée ? Pour le moment, et c'est normal en cours de procédure, les déclarations ne sont que des intentions, pas des annonces, mais des tendances se dégagent déjà des déclarations des uns et des autres.
En l'absence logique d'information sur une éventuelle restructuration des effectifs, commençons avec le cas des exclusivités. En rachetant Activision-Blizzard-King, Microsoft s'octroiera le droit de faire ce qu'il veut des licences, y compris les rendre exclusives à ses plateformes. Cependant, vis-à-vis du public, ce n'est pas nécessairement un bon calcul. Call of Duty est une licence ultra-massive, et la communauté joue aussi bien sur PC que sur Xbox, PS4/PS5 et mobile. La licence est xtrêmement rentable, et il paraît difficile d'imaginer que Microsoft se prive de ces rentrées d'argent. Sony, dont l'action a plongé suite à l'annonce, a exprimé ses "inquiétudes", espérant que Microsoft respecte les accords contractuels signés. A cela, Phil Spencer a répondu que son but "n'était pas de séparer les communautés", avant d'ajouter :
J'ai eu de bons échanges cette semaine avec les dirigeants de Sony. J'ai confirmé notre intention d'honorer tous les accords existants lors de l'acquisition d'Activision Blizzard et notre désir de garder Call of Duty sur PlayStation. Sony est une partie importante de notre industrie et nous apprécions notre relation.
Cette déclaration correspond aux informations qu'a obtenu Bloomberg, qui indique que Microsoft continuera de publier certains jeux sur plusieurs supports, tout en transformant certaines licences en exclusivités. Les situations de World of Warcraft, Starcraft, Diablo, Call of Duty, Overwatch, Crash Bandicoot, Spyro, Guitar Hero ou encore Tony Hawk's étant très diverses, il faudra attendre pour savoir quelle direction prendra Microsoft. Cependant, on sait déjà, de l'aveu même de Phil Spencer, que l'idée est d'intégrer un maximum de jeux Activision-Blizzard-King au Game Pass. Cela pourrait arriver avant même la finalisation de l'accord de rachat, comme cela s'était produit avec Bethesda.
Focus Entertainement : des résultats en forte baisse
En pleine phase d'investissements et de croissance, Focus Entertainment, autrefois nommé Focus Home Interactive, a dévoilé le bilan de son premier semestre fiscal 2021-2022. Les résultats sont décevants, et son imputés aux échecs de Warhammer Age of Sigmar : Storm Ground et de Hood : Outlaws & Legends. Alors qu'il était de 103,6 millions d'euros entre avril et septembre 2020, le chiffre d'affaires n'est plus "que" de 85,1 millions d'euros. Le bénéfice opérationnel passe quant à lui de 18,2 millions à 7,3, tandis que le bénéfice net chute de 9,8 à 5,5 millions d'euros. Les deux échecs ont évidemment eu des conséquences sur ces chiffres, mais Focus précise dans son bilan que les investissements justifient également la réduction de la marge brute.
Au cours du dernier semestre, Focus aurait investi 19,5 millions d'euros, soit 2,2 millions de plus que sur la même période l'an dernier. Malgré tout, l'inquiétude ne semble pas au rendez-vous, puisque les résultats ne comprennent pas les chiffres des jeux Dotemu, qui a été racheté en septembre dernier pour 53,5 millions d'euros et qui a dans son planning des titres tels que Windjammers 2 (sorti le 20 janvier), Pharaoh : A New Era, Metal Slug Tactics et Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenge.
Egalement, d'autres jeux attendus devraient venir animer l'année A Plague Tale : Requiem, Evil West ou encore Warhammer 40 000 : Space Marine 2. Le bilan annuel de l'éditeur sera dévoilé le 24 juin 2022, et l'éditeur estime que son chiffre d'affaires sera compris entre 120 et 150 millions d'euros.
En 2018, et après avoir passé plus de 20 ans chez Firaxis, oeuvrant notamment sur la licence XCOM et sur Civilization, Greg Foertsch a décidé de quitter son poste de directeur créatif pour découvrir de nouveaux horizons. Il passe rapidement par Romero Games, mettant son talent au service d'Empire of Sin, avant de travailler à la création de son propre studio. Ce dernier se nomme Bit Reactor, et a pour objectif de développer des jeux de stratégie-tactique, un genre en recul depuis quelques années malgré l'arrivée prochaine de Marvel's Midnight Suns. Une ambition qu'il réalisera avec d'anciens développeurs de Firaxis, qui ont décidé de le rejoindre dans cette nouvelle aventure.
Tout le genre a commencé à reculer car qu'il n'avait pas assez de valeur en termes de production, et il a un peu "chuté". Maintenant, ce n'est pas un problème. La résolution de l'écran n'est pas un problème. Il existe des façons de raconter des histoires et de transmettre des informations qui ne nécessitent pas un mur de texte. C'est ce sur quoi nous nous concentrons - apporter cela au genre, et brouiller vraiment la frontière entre ce qu'est un jeu de stratégie et ce qu'est un jeu d'action.
Pour lui, les possibilités sont nombreuses, et il existe moult façons d'interpréter le genre. Il évoque notamment Mario + The Lapins Crétins Kingdom Battle et Gears Tactics, qui sont des titres très différents partageant toutefois le même ADN. Egalement, l'émergence du jeu multi-plateformes et des tablettes ouvrirait selon lui de nouvelles perspectives :
Si vous travaillez sur l'histoire et l'immersion, je pense que vous pouvez trouver des moyens de créer simplement un grand jeu et pas seulement de créer un jeu de stratégie. Notre objectif est de remporter le jeu de l'année. Nous nous attendons à affronter Halo ou quiconque est là-bas, tout comme nous l'avons fait en 2012.
Je pense honnêtement que les tablettes vont faire pour les jeux de stratégie, ce que les consoles ont fait pour les jeux de tir, et il y a un moyen d'en tirer parti. Nous sommes très intéressés par le crossplay et la possibilité de jouer au jeu sur autant de plates-formes différentes que possible, mais pour le moment, nous nous concentrons vraiment sur l'expérience console et l'expérience PC.
Konami entre dans le monde des NFT par la grande porte
Ubisoft, Square Enix, Epic Games, Meta, Peter Molyneux... nombreuses sont les entreprises et les personnalités du jeu vidéo à avoir dévoilé leur intérêt pour les NFT et le metavers. SEGA a également déposé sa marque, mais semble encore hésiter à se lancer. L'une des sociétés qui n'a pas hésité à se lancer est Konami, qui, en plus de son activité d'éditeur / développeur (eFootball 2022, jeux Yu-Gi-Oh!), gère des salles d'arcade, des salles de sports, la vente de figurine et de cartes à collectionner. A l'occasion des 35 ans de la licence Castlevania, Konami a en effet annoncé la Konami Memorial NFT, une collection de 14 oeuvres NFT vendues aux enchères sur Open Sea.
Le public a vivement réagi et critiqué l'idée, mais cela n'a pas eu d'impact sur la vente, puisque tous les éléments (musiques, artworks, vidéos, images) à disposition ont été vendus. Au total, les 14 NFT mis en vente ont rapporté plus de 162 000 dollars. 2,5% de ce montant est parti du côté d'OpenSea en tant que commission, mais tout le reste file dans la poche de l'éditeur. L'élément le plus cher est parti pour 26 538,96 dollars, tandis qu'en moyenne, les NFT sont partis à 12 000 dollars. Autrement dit, la première tentative de Konami est une réussite, et il y a fort à parier que d'autres initiatives similaires seront lancées dans le futur.
Du crunch chez TT Games (Lego) ?
Alors qu'on découvrait hier la date de sortie de LEGO Star Wars : La Saga Skywalker, calée au 5 avril 2022, des informations sont apparues quant aux conditions de travail au sein du studio TT Games. Dans un article dédié au sujet, Games Industrie rapporte les confessions de plus de 20 salariés et ex-salariés, faites à Polygon dans une longue enquête. Ces derniers évoquent des semaines de 80 à 100h de travail sur diverses périodes de crunch, une situation encore plus compliquée pour l'équipe d'assurance-qualité, de l'intimidation et des moqueries en provenance des supérieurs en direction des développeurs, et plus particulièrement en direction des femmes, des décisions qui ont "gaspillé du travail", et une gestion injuste des heures supplémentaires.
Ces phases intenses n'auraient été ponctuelles, mais seraient devenues un outil intégré à la production et aux plannings. Pour ce qui est du temps de travail supplémentaire, les développeurs indiquent que les responsables décidaient lesquelles faisaient partie des "horaires flexbiles" et lesquelles étaient considérées et payées comme de vraies heures supplémentaires. Certaines personnes interrogées évoquent également des réprimandes faites aux salariés partant à l'heure prévue dans leur contrat, des mises en cause de leur loyauté s'ils partaient avant les autres, et des mails invitant les développeurs à "ne pas laisser tomber leurs collègues".
L'ambiance au studio Knutsford était toujours au plus bas. Les gens étaient épuisés, épuisés, mentalement et physiquement malades à cause de la pression. TT a toujours dit : "Nous allons changer", mais nous savions tous que cela n'arriverait jamais. C'était toujours un "un jeu de plus et ensuite nous ferons différemment ."
Les témoignages évoquent également les difficultés liées à Lego Star Wars : La Saga Skywalker, en développement depuis près de 5 ans. La direction aurait en effet demandé aux développeurs de développer un moteur dédié, le NTT, en sachant que celui-ci pourrait ne plus utilisé dans le futur, TT Games ayant visiblement prévu d'exploiter l'Unreal Engine. Cela aurait ralenti la production, notamment à cause des bugs et du rythme de travail, et créé un véritable traumatisme, renommant parfois le moteur NTTSD (en rapport au PTSD, le syndrome post-traumatique) Tom Stone, directeur général, aurait notamment été interpellé par plusieurs salariés :
Quelqu'un a fait savoir à Tom que (l'ambiance à l'intérieur du studio) n'était pas géniale. Donc, Tom a réuni la moitié du studio en une réunion et la moitié du studio en une deuxième réunion, et a essentiellement divisé les gens en groupes afin qu'ils puissent parler de ce qu'ils aimaient et n'aimaient pas dans le studio. Et à la fin de la journée, vous voyez juste cette énorme liste de choses terribles et cette petite récolte de bonnes choses sur la gauche. Et il a reçu ces commentaires de plusieurs groupes.
Contacté, ce dernier a déclaré :
J'ai remarqué cela vers la fin de 2017 / le début de 2018 - j'ai vraiment senti que les choses n'allaient pas. Je peux vous dire maintenant que je n'ai reçu aucun rapport d'intimidation. (...) Les gens disaient que c'était difficile de travailler ici, que nous travaillions de longues heures et que les gens ne communiquaient pas avec nous. Mais pour équilibrer les choses, nous avons eu beaucoup de gens, parfois les mêmes personnes, qui ont dit : "J'adore être ici et j'adore travailler sur des jeux Lego." (...) J'ai dit que je voulais savoir tout ce qui se passait (...).
Plus largement et pour conclure, un porte-parole de TT Games a déclaré :
TT Games s'engage à créer un lieu de travail respectueux, juste et inclusif pour chaque employé. De nombreux efforts ont été déployés ces dernières années, avec la nouvelle direction du studio et le soutien de Warner Bros. Games. pour favoriser une culture collaborative et un équilibre travail-vie personnelle dont nos employés peuvent être fiers. (...) Nous reconnaissons que notre succès continu et futur repose sur le maintien de l'élan des changements positifs que nous avons apportés à ce jour, en veillant à ce que chaque employé se sente soutenu, apprécié et éprouve un véritable sentiment d'appartenance.
En bref dans l'actualité business de la semaine
- La justice anglaise et galloise a validé le rachat de SUMO Group, le montant général du rachat serait pour rappel d'1,27 milliard de dollars.
- 36 millions de jeux et 3,4 millions de consoles auraient été vendus au Royaume-Uni en 2021 selon GSD.
- 37 personnes ont été licenciées de chez Activision-Blizzard-King pour faute. 44 autres ont reçu des sanctions disciplinaires sans pour autant perdre leur emploi.
- Haven Studio, le studio de Jade Raymond, a rassemblé plus de 65 personne pour le titre développé en exclusivité pour Sony.
- Pour la première semaine de l'année, le SELL indique que Mario Kart 8 Deluxe a dominé le marché physique en France. Il est suivi par Mario Party Superstars, Animal Crossing : New Horizons, Pokémon Diamant Étincelant et Ratchet & Clank : Rift Apart.
- Nintendo France espère vendre 1 million de Switch supplémentaires en 2022.
Activision-Blizzard / Microsoft, TT Games, Konami... Les actus business de la semaine - jeuxvideo.com
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