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La série Galaxy S22 de Samsung s'appuie sur une nouvelle puce mobile : l'Exynos 2200, successeur d’un Exynos 2100 performant et misant sur une nouvelle architecture. Une puce qui mérite plus ample examen, d'autant qu'elle soulève des interrogations techniques.
Vous le connaissez depuis janvier : l’Exynos 2200, successeur d’un Exynos 2100 efficace et intégré à la série Galaxy S21, a vraisemblablement donné du fil à retordre à Samsung. Le coréen avait prévu son annonce, puis rétropédalé et finalement présenté ce SoC (System on Chip) en toute discrétion malgré son alléchante fiche technique.
Car si l’on fait le récapitulatif de ses caractéristiques, le tableau fait rêver : le CPU est composé d’un cœur Cortex-X2 cadencé à 2,8 GHz, de trois Cortex-A710 à 2,5 GHz et de quatre Cortex-A510. Côté GPU, Samsung s’est acoquiné avec AMD pour proposer le Xclipse 920 adoptant l’architecture RDNA2. Supposé offrir le meilleur en jeu vidéo, il inaugure notamment le support du ray-tracing, certes pour l’heure inexploité par les jeux mobiles du Play Store. Cette microarchitecture RDNA2, rappelons-le, est celle du GPU des Radeon RX6000 pour PC portables, par exemple, mais aussi celle des GPU de PlayStation 5 ou Xbox Séries X/S… avec certes un nombre d’unités de calcul bien inférieur.
Précisons que ce SoC ne se contente pas des CPU et GPU, mais qu’il cache notamment l’ISP (puce de traitement des images) de Samsung ou encore son modem 5G.
Un CPU dans le rang
Passé le stade des promesses théoriques, place à la pratique. Vous n’êtes pas sans savoir que nous nous appuyons sur notre protocole maison pour évaluer les performances des smartphones. Nous élaborons deux indices : le premier, basé sur une montée en charge CPU, permet d’évaluer les performances en multitâche du smartphone. À cet exercice, la série Galaxy S22 se défend sans difficulté majeure. Les trois smartphones récoltent des indices de 96 à 97, avec d’infimes variations donc, qui signalent une gestion plus que correcte du multitâche, sans toutefois battre les records du moment. Ils font d’ailleurs jeu égal avec la série Galaxy S21 sortie un an plus tôt.
Un GPU inédit, mais en difficulté
L’aspect GPU de cet Exynos 2200 a soulevé davantage de difficultés lors de nos tests. Nous simulons en effet des sessions de jeu sur lesquelles nous paramétrons le niveau de précision graphique le plus élevé possible. C’est ce même protocole qui, l’an dernier, a permis aux Galaxy S21/S21+ de récolter un indice de 112 en jeu, grâce à l’affichage d’une moyenne de 62,8 images par seconde. Le Galaxy S21 Ultra faisait aussi bien, flirtant avec les 70 i/s en mode performance.
La situation est tout autre pour les Galaxy S22 qui, lors de nos essais, ont tous trois achoppé sur notre test paramétré en mode “intense”. Voyez plutôt : oscillant entre 21 i/s et 52 i/s, le Galaxy S22 Ultra se contente d’une moyenne de 31,3 i/s… comme un smartphone de milieu de gamme. Les Galaxy S22 et S22+ pointent quant à eux respectivement à environ 32 i/s.
Nous avons tenté de réduire nos exigences en passant de notre niveau intense à notre niveau élevé, espérant au passage obtenir le meilleur de ce CPU : le Galaxy S22 Ultra parvient à afficher alors jusqu’à 126 i/s et 71 i/s au minimum, pour une moyenne de 100 images par seconde. Une performance dont on espérait bénéficier sans concession d’affichage. Elle se maintient alors à son maximum pendant deux minutes, et après environ trois minutes commence à osciller entre 90 et 100 i/s.
Les faits sont sans appel : le smartphone a une nette tendance à surconsommer lorsque son GPU est sollicité, ce qui se traduit par une baisse du niveau de batterie et par une chauffe qui se fait très rapidement sentir. Nous avons tenté de contourner le problème en réalisant nos tests en environnement froid, espérant que les smartphones abandonneraient ce qui fait figure de bridage. Peine perdue : au frais, même sans surchauffe des appareils, les smartphones ne parviennent pas à générer davantage d’images par seconde ou, au mieux, voient leur nombre d’images baisser un peu moins rapidement.
Une expérience de jeu bridée
Nos tests hors laboratoire confirment une limitation des performances sur les trois smartphones. On constate notamment que les jeux du Play Store ne peuvent être exploités à leur plein potentiel. Call of Duty Mobile, par exemple, ne donne accès qu’à une qualité de graphismes “faible”, c’est-à-dire le plus bas des cinq paliers proposés par Activision, ce qui permet d’obtenir une bonne qualité de jeu.
Et que dire de Genshin Impact, qui recommande de laisser tous les curseurs graphiques à leur minimum, sous peine de subir surchauffe et ralentissements. Si l’on compare le Galaxy S22 Ultra au S21 Ultra, le premier opte par défaut pour une qualité de graphismes “faible”, quand le second préfère d’emblée une qualité “moyenne”. Il s’agit d’un jeu certes exigeant, mais qui ne devrait pas effrayer un smartphone qui se classe parmi les plus onéreux du marché et devrait figurer parmi les plus puissants.
Le comportement des S22 en jeu met en évidence un point d’importance : l’émergence d’une nouvelle architecture de GPU concerne avant tout les développeurs. Il leur faudra logiquement optimiser leurs titres pour exploiter le potentiel de ce nouvel Exynos, ce qui nécessite à la fois des investissements — qu’ils devront donc consentir à réaliser — et du temps. Comme dans l’univers du PC, la question des pilotes graphiques est elle aussi centrale : ils manquent vraisemblablement de maturité, et peinent à exploiter pleinement le potentiel du GPU d’AMD… à ce jour.
De l’autre côté de l’Atlantique, une puce Snapdragon sans surprise
Si Samsung propose une version européenne des Galaxy S22 en version Exynos, les États-Unis ont droit à des moutures sous Snapdragon 8 Gen 1, la dernière puce de Qualcomm. Le fabricant annonce une prestation similaire entre les deux appareils, mais les tests américains du Galaxy S22 Ultra pointent vers une puissance plutôt comparable à celle du Galaxy S21 Ultra datant de l’année précédente. De quoi alimenter une frustration certaine chez les clients européens du coréen, qui n'ont d'autre choix que de composer avec une puce qui, à sa sortie du moins, ne semble pas encore au niveau de sa cousine américaine en matière de gaming.
Labo – Série Samsung Galaxy S22 : les performances de l'Exynos 2200 à la loupe - Les Numériques
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