Avec son Fairphone 4, la marque néerlandaise entend proposer un appareil capable de rivaliser avec le milieu de gamme, même en photographie. Nous avons vérifié ce qu'il en était dans notre laboratoire.
Depuis 2013, l’entreprise Fairphone fabrique des smartphones pensés pour durer, tout en respectant le maximum de contraintes environnementales. Nous avions d’ailleurs testé leurs deux derniers modèles, les Fairphone 3 et 3+, afin de vérifier si ses louables ambitions pouvaient fonctionner de pair avec un marché si avide d’innovation. La firme néerlandaise persiste et signe avec une quatrième version de son mobile encore plus ambitieuse, sans pour autant renier son ADN écologique.
En effet, le Fairphone 4 est le premier de sa gamme à intégrer un SoC Snapdragon 750G, compatible avec la 5G. Une montée en gamme devenue quasiment inévitable tant elle se démocratise chez tous les fabricants. Mais la marque entend également proposer une expérience photo au niveau des terminaux actuels.
Elle a ainsi choisi de proposer un double module photo composé d’un grand-angle de 48 Mpx dont l’objectif ouvre à f/1,6, mais également d’un ultra grand-angle de 48 Mpx (f/2,2). Un capteur TOF 3D vient parachever le tout.
Une configuration plutôt originale, qu'il convient de comparer au Fairphone 3+ auquel il succède, et dont il est censé améliorer les performances.
Avant de commencer, précisons que l’application pour la photo n’est pas des plus ergonomiques. La marque semble avoir plus d’ambition en termes de matériel, mais on aurait aimé que cela se ressente aussi sur la partie logicielle, qui paraît austère. Un onglet "Plus" permet d’accéder à quelques fonctionnalités comme le panorama, le timelapse ou la pleine définition.
Dans la partie supérieure droite de l'app, un pictogramme en forme de montagne permet d’accéder à différents modes de prise de vue plus ou moins farfelus (paysage, action, mais aussi plage, neige ou théâtre). À l’heure actuelle, nous doutons de l’utilité du mode portrait, dont le bokeh se retrouve aux abonnés absents.
Module principal : 48 Mpx, f/1,6
Le module principal de 48 Mpx du Faiphone 4 capture des clichés de 12 Mpx par défaut. Il profite de la technologie du pixel binning, qui lui permet de fusionner quatre photosites en un afin de capturer davantage de lumière quand celle-ci vient à manquer.
Si le rendu du Fairphone 3+ tirait clairement vers le rouge, c’est tout l’inverse sur ce modèle. En effet, le cliché affiche une teinte bleutée. Bien que l’ensemble soit plutôt net, les couleurs ont l’air d’avoir perdu de leur vivacité, et semblent délavées. L’ensemble reste exploitable, mais manque de piqué et de relief, ce que l’on peut constater sur la couverture du livre.
La nuit, le Fairphone 4 a beau livrer une image mieux exposée, le manque de couleur et le fort bruit numérique pèsent trop sur le résultat final. On distingue plus de mires de couleur, mais l’ensemble manque cruellement de netteté et de précision.
Mode 48 Mpx
Il est possible de capturer des clichés en pleine définition en choisissant le mode nommé "Pixel élevé". Ces derniers n’apportent pas toujours un changement significatif sur les smartphones. Nous avons isolé une zone de taille identique (0,90 Mpx) sur chacun des clichés afin que vous puissiez constater la différence de définition.
Dans nos conditions de jour habituelles, le résultat est catastrophique. En effet, le smartphone n’arrive pas à gérer de simples pics lumineux et l’image est littéralement brûlée par la lumière. Cette surexposition rend inexploitable la grande majorité des clichés pris en extérieur.
Nos clichés capturés en extérieur confirment que notre scène de test ne nous a pas menti. En 48 mégapixels, le Fairphone 4 ne parvient pas à gérer l’exposition.
Dans l’obscurité, pas de problème majeur… Mais pas de surprise non plus. L’image a beau être mieux définie, elle n’apporte aucun gain significatif. À moins de vouloir redimensionner une photo plus tard, il n’a donc pas grand intérêt.
Module ultra grand-angle : 48 Mpx, f/2,2
Le module ultra grand-angle utilise également le pixel binning, mais l’application photo ne permet pas de capturer des clichés en pleine définition. Il n’y a donc qu’une option possible, mais vu la qualité des photos de 48 mégapixels du grand-angle, cela ne semble pas si gênant. Que valent alors les clichés en 12 Mpx ?
Dans de bonnes conditions de luminosité, il faut bien admettre que le résultat est convaincant. Peut-être même plus que sur le grand-angle. Il faut toutefois souligner que la distorsion sur les bords de l’écran est bien présente. Sur la scène sélectionnée, le rendu est plutôt net, même si la colorimétrie générale est toujours trop froide à notre goût. L’image manque un peu de contraste et de relief, mais le centre de la scène reste parfaitement exploitable. Tous les ultra grands-angles de milieu de gamme ne peuvent pas en dire autant.
De nuit, pas de miracle. Le bruit numérique et la sous-exposition font chuter le niveau de détails. La majorité des éléments est brouillée.
Module frontal et vidéo
Le Fairphone 4 est capable de filmer en 4K à 30 i/s, mais également en Full HD à 60 i/s. Le rendu 4K a du mal à convaincre. Une fois encore, la gestion de la luminosité est hasardeuse et la balance des blancs imprécise. Lors de mouvements brusques, l’appareil a parfois du mal à effectuer la mise au point. On vous conseille d’opter pour le mode 1080p/60 i/s, qui nous a finalement davantage convaincus.
Un capteur avant de 25 Mpx (f/2,2) est logé dans l’encoche en forme de goutte d’eau. Une fois encore, une importante définition ne fait pas tout et le rendu des selfies est plutôt moyen. Le traitement est un peu trop fort et fait disparaître une partie des aspérités du visage. L’ensemble manque donc de détails. Aucun mode portrait n’est par ailleurs disponible pour ceux qui souhaitent ajouter un effet bokeh à leurs clichés.
Dans l'ensemble donc, le Fairphone 4 peine à convaincre en matière de création d'images. Le smartphone "durable" gagne sans conteste en polyvalence, mais le traitement logiciel trop peu performant sur lequel il s'appuie ne lui permet pas réellement de jouer dans la cour des smartphones vendus à tarif équivalent. C'est donc sur ses autres atouts, c'est-à-dire sur sa capacité à être démonté et réparé, qu'il doit compter pour se distinguer sur le marché du mobile.
Labo – Que vaut le double module photo du nouveau Fairphone 4 ? - Les Numériques
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