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Tuesday, October 5, 2021

La Russie envoie un équipage pour tourner le premier long-métrage dans l'espace - Le Monde

Accompagnés d’un cosmonaute chevronné, Anton Chkaplerov (au centre), l’actrice Ioulia Peressild, 37 ans, et le réalisateur Klim Chipenko, 38 ans, devaient s’envoler mardi 5 octobre 2021 pour la Station spatiale internationale (ISS).

Si les images ont toujours accompagné les missions dans l’espace – des premiers pas sur la Lune, en 1969, aux publications sur les réseaux sociaux de l’astronaute français Thomas Pesquet –, jamais un long-métrage de fiction n’avait été réalisé de l’autre côté de la ligne de Karman. Une actrice et un réalisateur russes ont décollé, mardi 5 octobre au matin, pour tourner le premier long-métrage en orbite de l’histoire, et marquer ainsi des points symboliques face aux concurrents américains, après des années de déconvenues. L’enjeu est de devancer le projet de film dans l’espace avec Tom Cruise, dont le calendrier n’est pas connu.

Accompagnés d’un cosmonaute chevronné, l’actrice Ioulia Peressild, 37 ans, et le réalisateur Klim Chipenko, 38 ans, se sont envolés pour la Station spatiale internationale (ISS) à bord d’une fusée Soyouz, depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan, laquelle s’est arrimée à l’ISS trois heures environ après avoir décollé. L’équipe est ensuite montée à bord de la station orbitale vers 15 heures, selon les images diffusées par l’agence spatiale russe Roscosmos. « Tout était nouveau pour moi aujourd’hui (…). J’ai l’impression de rêver », a déclaré l’actrice lors d’une brève allocution depuis l’ISS retransmise par Roscosmos. L’équipe a douze jours pour tourner les séquences spatiales d’un film provisoirement intitulé Le Défi, une œuvre, dont le budget est gardé secret, qui mettra en scène une médecin ayant pour mission de sauver un cosmonaute.

Lors d’une conférence de presse, lundi, le réalisateur et l’actrice sont apparus détendus. Ce premier long-métrage de fiction dans l’espace aura valeur d’« expérience », a estimé M. Chipenko, qui maniera la caméra et s’occupera du maquillage et de l’éclairage dans l’espace exigu du segment russe de l’ISS. « Je n’ai personne à qui demander des conseils. Je n’ai aucun cadreur à qui demander comment filmer à la lumière du hublot », a-t-il relevé.

Marquer un point face au rival américain

Au-delà de cette première artistique, ce voyage doit permettre à Moscou de marquer un point face au rival américain, dans un contexte de tensions croissantes. Pour l’agence spatiale russe Roscosmos, le film doit redorer un blason terni par les scandales de corruption, les pannes en série et la perte du lucratif monopole des vols habités vers l’ISS, depuis l’entrée en lice de la société Space X, d’Elon Musk. Pour Roscosmos, il s’agit donc de « triompher de la NASA et de Space X » et de « détourner l’attention [vis-à-vis de ses] problèmes », a estimé le politologue Konstantin Kalatchev.

L’agence russe avait brusquement révélé son projet cinématographique en 2020, après l’annonce d’un projet de tournage à bord de l’ISS avec Tom Cruise, la star de la saga Mission impossible. Les deux primo-voyageurs de l’espace, deux figures du cinéma russe, ont suivi un entraînement accéléré pour apprendre à supporter la violente accélération du décollage ou à se mouvoir en apesanteur.

La Russie entend donc se mêler à la course au tourisme spatial, qui a connu une accélération au cours des derniers mois avec les vols des milliardaires américain et britannique Jeff Bezos et Richard Branson. Elle doit ainsi propulser en décembre un milliardaire japonais dans l’espace.

Parmi les autres ambitions de Roscosmos figurent une station spatiale strictement russe et une station russo-chinoise en orbite, voire sur la Lune, Moscou ayant décidé de claquer la porte d’un projet lunaire de Washington jugé trop américano-centré. Mais aucun de ces projets n’a encore de budget ni de calendrier précis.

Le Monde avec AFP

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