Après avoir mis en application l'indice de réparabilité sur les smartphones, tablettes et PC portables (entre autres), la France peut déjà se féliciter de quelques jolis succès. Un représentant d'iFixit met en lumière ces signes encourageants. Nous l'avons interviewé.
Préserver le pouvoir d’achat des consommateurs et encourager des comportements écoresponsables. Voici les deux grands axes de l’indice de réparabilité mis en place par la France depuis le 1er janvier. Le principe est simple : chaque produit concerné écope d’une note sur dix permettant de savoir si sa réparation en cas de pépin sera facile et accessible.
Or l’Hexagone a déjà quelques signes de réussite à faire valoir autour de ce projet. Trois plus particulièrement : influence sur l’Union européenne, évolution de l’indice de réparabilité et popularité.
L’indice de réparabilité, en bref
Avant de passer tous ces points en revue, faisons deux rappels. Le premier c’est que l’indice de réparabilité a été pensé comme un outil à destination du consommateur pour que son achat soit plus éclairé. Le second, c’est que pour le moment, il y a cinq types de produits concernés par cette notation :
Plus de huit mois après l’entrée en vigueur de ce système de notation, nous avons pu rediscuter avec Maarten Depypere, qui gère la politique de réparation chez iFixit. Cet organisme, spécialisé dans la réparation de produit tech, a aidé la France à mettre sur pied l’indice de réparabilité. L’occasion de faire un petit point sur les choses accomplies depuis.
1. La France inspire l’Union européenne
Maarten Depypere a toujours regretté que l’Union européenne ne se presse pas un peu plus pour établir un indice de réparabilité à l’échelle du continent. À cet égard, c’est avec enthousiasme qu’il avait accueilli l’initiative de la France. Le représentant d’iFixit estime en effet que l’Hexagone ouvre la voie en montrant aux autres pays qu’un tel système est possible à mettre en place.
Il met ainsi en avant le fait que l’Espagne s’est lancée dans un chantier similaire avec l’appui de quelques associations locales (iFixit n’y figure pas, mais salue le projet). Plus important : l’Union européenne elle-même planche désormais plus sérieusement sur la question. Un document préparatoire a ainsi été proposé aux diverses parties prenantes (associations de consommateurs, constructeurs, politiques, etc.). Il concerne un indice de réparabilité européen pour les smartphones et tablettes.
iFixit a pu consulter ce premier jet et prépare actuellement des retours étayés à partager avec l’UE pour l’améliorer. Maarten Depypere préfère pour l’instant ne pas évoquer les points sur lesquels son organisme va concentrer ses critiques et suggestions. Toutefois, il nous informe qu’un atelier informel va avoir lieu le 7 septembre afin de discuter du sujet et lancer des premiers échanges entre les acteurs concernés.
Dans la foulée, iFixit s’estimera plus apte à partager publiquement les points qu’il juge importants à ajuster ou à ajouter. Ce n’est qu’un début, mais cela permettra d’établir quelques bases. On peut donc s’autoriser un peu d’optimisme.
2. L’indice de réparabilité s’étoffe
Comme évoqué plus haut dans cet article, l’indice de réparabilité en France concerne cinq produits. Or, cette liste va s’étoffer avec de nouveaux venus :
- les tablettes ;
- les aspirateurs ;
- les lave-vaisselles ;
- les nettoyeurs haute pression ;
- les machines à laver à chargement par le haut.
Qu’on s’entende, une bonne partie de ces nouveaux produits concernés par l’indice de réparabilité vont reprendre presque à l’identique les barèmes des cinq premiers types d’appareils. Exemple : les critères d’évaluation des tablettes sont calqués sur ceux des smartphones. Autre chose intéressante à savoir : parmi les aspirateurs notés, on ne trouverait pas que des modèles traditionnels. Les aspirateurs-robots pourraient aussi être concernés selon les prédictions de Maarten Depypere.
Ce dernier précise que les nouveaux groupes d’études autour de cette extension de l’indice de réparabilité se sont déjà réunis, tout en soulignant que le travail ne fait que commencer.
Par ailleurs, l’ajout d’un sixième critère de notation portant sur la durabilité des produits évalués est toujours prévu à l’horizon 2024. Une étude préfiguratrice a même déjà été réalisée en ce sens. Les choses évoluent donc bien de ce côté-là.
À titre indicatif, rappelons que les cinq critères utilisés actuellement portent sur la documentation, la démontabilité, la disponibilité des pièces détachées, le prix des composants et sur des spécificités propres à chaque catégorie de produits.
3. Un sondage encourageant
Enfin, le représentant d’iFixit évoque aussi un sondage OpinionWay commandé par Samsung (panel « représentatif » de 1011 personnes). 71 % des sondés affirment avoir déjà entendu parler de l’indice de réparabilité.
Pour 90 % des répondants, cet indice sera un outil utile aux consommateurs pour faire le choix de produits plus durables, et il les incitera à choisir le produit bénéficiant du meilleur indice de réparabilité. De même, ils estiment que l’indice va allonger la durée de vie des produits (84 % des répondants) et inciter les fabricants à proposer des produits plus facilement réparables (83 % des répondants).
Une grande partie des personnes interrogées affirment aussi que l’indice de réparabilité pourrait devenir un critère d’achat. Ce sondage a donc de quoi encourager à développer davantage l’indice de réparabilité. Gardez simplement en tête que Samsung France joue particulièrement le jeu et met souvent en avant le score de ses appareils en guise d’argument mercantile. Cette étude sert donc son discours commercial.
Encore du travail
Tous les éléments encourageants mentionnés ici montrent aussi que l’indice de réparabilité va et doit continuer de progresser pour vraiment devenir un élément incontournable dans le processus d’achat de produits électroniques.
Le gouvernement français pourrait notamment communiquer davantage sur le niveau de confiance que les consommateurs peuvent accorder à l’indice de réparabilité. D’aucuns, par exemple, deviennent un peu réticents en découvrant que ce sont les marques qui s’autoévaluent. Maarten Depypere tient à expliquer ici que ce n’est pas une faille du système.
« Ce sont les constructeurs qui ont toutes les informations nécessaires pour évaluer les produits et ce sont des informations qu’ils transmettent déjà aux autorités de régulation du marché », argue-t-il. Il laisse ainsi entendre que les fabricants se feraient facilement débusquer s’ils tentent de tricher. « Des marques telles que Samsung ou Apple n’ont aucun intérêt à mettre en jeu de la sorte leur image ».
Attendons maintenant début 2021, pour dresser un bilan plus formel et complet lorsque l’indice de réparabilité fêtera son premier anniversaire.
Indice de réparabilité : 3 raisons pour lesquelles la France peut se jeter des fleurs - Frandroid
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