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Tuesday, July 20, 2021

Pourquoi la mer devient-elle vert vif sur le littoral Atlantique et inquiète les scientifiques ? - Edition du soir Ouest-France - 20/07/2021 - Ouest-France

Par Florent SERVIA

Depuis plusieurs années, la mer du littoral Atlantique se pare régulièrement d’une surprenante couleur vert vif. Esthétique selon certains, cette nouvelle teinte nuit cependant aux productions ostréicoles et mytilicoles. En réaction, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de mer (Ifremer) tente de trouver des solutions.

Avez-vous déjà remarqué ces eaux vertes qui apparaissent ponctuellement le long des côtes du sud Morbihan et à l’ouest des Pays de la Loire ? Elles sont le résultat d’un phénomène d’efflorescence, que l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) cherche à comprendre.

Le projet Lepido-pen, du nom de l’algue microscopique appelée Lepidodinium chlorophorum, se penche principalement sur le lien entre la prolifération de ces algues vertes et les mortalités d’huîtres recensées « peu de temps après ces épisodes de croissance rapide », explique un communiqué de presse de l’Institut de Français de recherche pour l’exploitation de mer (Ifremer). En cause ? La « grande quantité de mucus » produite par les microalgues qui pourrait « nuire à la respiration » des coquillages.

Des pertes entre « 10 et 80 % »

Ostréiculteurs et autre mytiliculteurs pâtissent de ce phénomène « depuis 30 ans » explique Jean-Luc Retailleau, dirigeant de La Perle du Mès, à Kercabellec, en Loire-Atlantique. La répétition du phénomène les a poussés à solliciter l’Ifremer.

« Les pertes enregistrées vont de 10 à 80 %, selon les années », estime Jean-Luc Retailleau, sans encore pouvoir les anticiper ou les expliquer. Ces phénomènes d’eaux vertes contre lesquels les activités conchylicoles ne peuvent pas lutter, représentent une vraie menace pour leur exploitation. C’est pourquoi La Perle du Mès a ouvert ses portes en grand pour faire partie intégrante de l’étude menée par l’Ifremer.

Mathilde Schapira, chercheuse de l’Ifremer, s’y rend « tous les 15 jours pour faire des comptages », raconte-t-il, avant d’ajouter que « l’étude faite à côté, en biologie appliquée et la récupération d’éléments grâce aux satellites européens, pour voir l’évolution des datas » vient compléter un phénomène qu’il juge « très complexe ».

Moules recouvertes d’une substance visqueuse (Photo : Ifremer/Michaël Retho)

Est-ce une conséquence de la pollution marine ?

Si les conséquences sont certaines, les causes, elles restent à éclaircir. Pour Jean-Luc Retailleau les facteurs sont nombreux. « L’eau douce, la température, le soleil, le vent, l’oxygénation dans l’eau » sont autant de pistes susceptibles de favoriser la prolifération de la microalgue, explique le professionnel inquiet.

Comment identifier, dès lors, les raisons de la multiplication de ce phénomène ces dernières années ? Même « les périodes de sécheresse » ou « l’eau pourtant propre des stations d’épuration » ont contribué à la prolifération de la microalgue s’étonne, à rebours l’exploitant. Mathilde Schapira note tout de même le « contexte de changement climatique assez important » dans lequel nous nous trouvons et qui favorise le « réchauffement des eaux » et donc la prolifération des algues.

Comment lutter contre ce phénomène ?

Une première solution semble apparaître cependant selon Jean-Luc Retailleau : limiter le rejet des eaux douces en mer. « L’eau douce se mélange très mal à l’eau salée », précise-t-il. Des débuts de réponses sont envisagés, puisqu’« une étude va être menée par Cap Atlantique, la Communauté d’agglomération de la Presqu’île de Guérande – Atlantique, pour réutiliser à terre les eaux rejetées en mer par la station de La Turballe », près de Guérande, en Loire-Atlantique, ajoute l’ostréiculteur.

Mathilde Schapira insiste au téléphone cependant sur le « manque de recul » du projet Lepido-pen entamé en 2019. « Je pense que quand on comprendra mieux l’espèce en elle-même, pourquoi elle se développe. Quels sont les facteurs environnementaux qui contrôlent ces efflorescences massives, là on pourra envisager des pistes pour essayer de réduire ces épisodes ? », envisage-t-elle.

Appel à la collectivité

La scientifique imagine « des systèmes prédictifs » qui permettraient au moins de « prévenir » pour que les producteurs puissent « retirer certaines structures d’élevages et donc de s’adapter aux évènements ». Une solution coûteuse que préférerait éviter Jean-Luc Retailleau, en enrayant, autant que possible, le phénomène.

Avant tout, l’Ifremer invite ceux qui constateraient des eaux vertes à le faire savoir. En effet, en signalant « leur observation d’eau colorée verte cet été grâce au site web ou à l’application Phenomer  », Mathilde Schapira et ses collègues pourront ensuite mener toutes les batteries de tests nécessaires afin de mieux appréhender toutes les dimensions du phénomène.

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